Les scieurs de long, qui étaient-ils ?
Leur tâche principale
était de scier des troncs d'arbres entiers dans le sens du fil, afin
d'en tirer des planches, des poutres pour la construction et les
chantiers navals.
Ils étaient souvent originaires de régions pauvres, à vocation forestière, et se
situant en zones montagneuses. C'étaient des travailleurs
saisonniers souvent nomades, rarement sédentaires.
La plus grosse concentration de ces scieurs de long se trouvait dans le Massif Central, dans les anciennes provinces d’Auvergne, où ils étaient reconnus pour leur compétence.
Cela correspond de nos jours au Puy-de-Dôme (63). Ils arrivaient largement en tête avec le plus gros contingent de scieurs de long, principalement dans les Monts du Forez, les Monts Dore et le Livradois.
Ce dernier, petit « pays » au climat continental, aux terres granitiques recouvertes parcimonieusement de quelques bourgeons de lave, la faiblesse des ressources agricoles dans les villages de moyenne montagne obligeait en effet les journaliers et les petits paysans, scieurs de long de profession, plus qu'en d'autres endroits, à chercher ailleurs des compléments, dans l’émigration. La rudesse du climat, la terre gelée pendant de longs mois les conduisaient à l’inactivité et encourageaient encore les départs.
Le sciage de long est aussi une tâche liée aux chantiers de charpente. De moins en moins pratiqué bien qu'existant de façon traditionnelle dans certains pays, il est souvent pratiqué en France lors de démonstrations, et par une minorité de charpentiers, façonnant leur bois d'œuvre à la main. Les scieurs de long produisent ainsi tout le débit secondaire de charpente (chevrons, tournisses, planches...) et les plateaux de menuiserie.
C'étaient donc un travail souvent saisonniers et nomades.La vie d'un scieur de long était synonyme de migrations et de déplacements. Beaucoup d'eux pratiquaient cette activité en automne et en hiver alors que les travaux des champs prenaient fin., alors ils prenaient la route, souvent seuls, parfois en famille.
L'émigration temporaire
commençait à la St-Michel, le 29 septembre et finissait à la St-Jean,
le 24 juin.
Ils rentraient au pays tous
les étés, ce qui modifiait le rythme de la
vie locale, notamment cela augmentait les naissances d'avril, mai et
juin !
Âgés de quinze à cinquante ans, pour la plupart paysans et laboureurs, l'heure du départ sonnait lorsqu'ils avaient levé les récoltes et ensemencé les terres.
Avant de se mettre en route,
ils remplissaient les formalités administratives voire notariales.
Sous l'Ancien Régime, les
curés rédigeaient des certificats attestant qu'ils étaient bons
catholiques, de bonne moralité, porteurs d'aucune maladie épidémique.
Par commodité et par
sécurité, c'était en groupes qu'ils quittaient leur commune. Ils ne
partaient pas à l'aventure. Ils savaient où ils allaient, et
connaissaient leur itinéraire. D'ailleurs, ils retournaient souvent au
même endroit que l'année précédente.
Une équipe de scieurs de long était en général composée de 3 personnes :
- Le "doleur" devait
équarrir les troncs avant qu'ils ne soient sciés.
Sa hache, dont la lame est déportée par rapport au manche, permettait
de "raser" le tronc. Il était aussi chargé d'affûter les lames de scie
qui s'usaient très vite. C'étaient le chef d'équipe.
- Le "chevrier" se trouvait
en haut de l'échafaudage. on l'appelait
aussi l'écureuil ou le singe. En équilibre sur le tronc, il avait pour
rôle de remonter la scie
et de la guider sur les traits qui délimitaient l'épaisseur des
planches .
- le "renardier"
était sous le tronc. Il tirait sur la scie
vers le bas pour couper le bois. il portait un chapeau en feutre à
large bord qui lui évitait
d'avoir de la sciure dans les yeux.
campement d'un scieur de long
La scie de long est la grande scie montée sur un cadre, utilisée pour débiter les grumes en planches.
Elle est constituée d'un cadre démontable en bois léger (peuplier ou sapin), formé par deux longerons et deux traverses à tirer qui sont dans le plan du cadre : celle du haut est la chevrette ; celle du bas le renard. Les longerons sont assemblés à la chevrette par des goujons fendus bloqués par des coins et au renard par des tenons et mortaises non chevillés.
Pour le scieur du haut, une poignée de bois dur, chêne ou frêne surmonte la partie supérieure du cadre, alors qu'une la barre de traction est fixée sur la face inférieure du cadre.
La lame est retenue par des clavettes à deux étriers fendus, dont l'un, pourvu d'une vis, permet la tension de la lame. C'est la tension de cette lame qui empêche le cadre de se dissocier.
Anecdote : Le nom de « scieurs de long » a été donné aux premières locomotives de Marc Seguin mises en service entre 1829 et 1834 sur le chemin de fer de Saint-Etienne à Lyon ; le mouvement alternatif de haut en bas de la tige du piston des cylindres verticaux extérieurs faisait penser au mouvement des « scieurs de long »
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