HISTOIRE DE LA POMME DE TERRE

 Origine

 

 La pomme de terre est originaire des Andes. Elle a été domestiquée et cultivée depuis l'époque néolithique dans la zone côtière de l'actuel Pérou, à la fin de la dernière période glaciaire.

 Les plus anciens restes de tubercules de pommes de terre cultivées datant d'environ 8000 avant J.C. ont été trouvés dans les grottes de Tres Ventanas situées à 2 800 mètres d'altitude dans le canyon Chilca.

Statue Tiwanaku

 

 

 Après une longue période d'appropriation, alors que la région côtière connaissait un climat de plus en plus aride, c'est autour du lac Titcaca, chez les Tiwanaku que la domestication de la pomme de terre a vu le jour suite à la rationalisation d'un processus de détoxification permettant de faire baisser les taux des toxines pour l'homme.

 Les poteries découvertes ayant pour thème la pomme de terre, témoignent de l'importance qu'a pu revêtir sa domestication pour les cultures qui s'y sont succédées. 


Ces poteries, qui s'échelonnent du IIe siècle au XVIe siècle, de l'ère Nazca à la fin de l'ère Inca montrent les tubercules de manière très réaliste, puis celles-ci évoluent jusqu'à prendre la forme de créatures humaines ou animales, sur lesquelles sont toujours représentés les « yeux » des pommes de terre de façon de plus en plus stylisée.

Au sud du Pérou, à l'arrivée des Espagnols, la plantation des papas faisait l'objet d'une cérémonie rituelle. Les grands prêtres en ordonnaient la plantation, au commencement de la saison des pluies, lorsque les premières pousses de maïs, semés en septembre, atteignaient un centimètre.  Au cours d'une cérémonie publique qui rassemblait toute la population, des lamas étaient sacrifiés pour s'attirer la bienveillance de Axomama, la déesse mère des pommes de terre très vénérée dans le panthéon des dieux incas.

Poterie représentant la déesse Axomama


Découverte par les conquistadors

François Pizarre
 

En 1532, à l'arrivée de François Pizarre lors de la colonisation espagnole des Amériques, la pomme de terre, avec le maïs, est à la base de l'alimentation de l'ensemble de l'empire Inca et des populations vivant dans les régions voisines. 

Plusieurs chroniqueurs espagnols qui sont allés dans les Andes signalent cette culture de la pomme de terre. 


Ces peuples déshydratent les papas en les exposant, la nuit au froid et le jour à la chaleur ; ce qui donne au légume l’apparence d'une pierre noire dure et légère de la taille d'une grosse noix. On le trempe dans l'eau pour le cuire.

 

 Dès leur découverte par les conquistadors, les tubercules naviguent
avec eux vers les côtes de l'Europe à bord des galions, et les explorateurs du Nouveau Monde les débarquent dans les ports d'Espagne. De là, la pomme de terre part à la conquête de l'Europe.

 

 

 Un galion

 

 Arrivée en Europe


L'une des premières représentations de la pomme de terre
 

Elle arrive en Autriche en 1588, trois ans après être arrivée en Angleterre, et se répand en Allemagne.  Ce n'est qu'ensuite qu'elle parvient en Suisse, puis en France, avant de gagner l'actuelle Belgique vers 1620. 

 Elle est alors surtout donnée comme nourriture aux animaux. 

De ce fait, jusqu'au milieu du XVIe siècle, la pomme de terre est considérée plus comme une médecine que comme un aliment. Elle va rester cantonnée autour des couvents, des cours royales, des jardins de botanistes.

Il faudra que l'Europe subisse de nombreuses disettes et des guerres qui vont l'accabler pendant les XVIIe siècle et XVIIIe siècle pour que sa culture et sa consommation, remèdes aux famines, se développent malgré les préjugés et les superstitions qui lui sont attachés

Le XVIIIe siècle voit dans toute l'Europe  jusqu'aux confins de la Russie, naître un véritable engouement pour ce tubercule, facile à cultiver et à conserver.

Il permet à l’Europe d'espérer la fin des famines. La culture de la pomme de terre, en libérant le peuple des disettes, renforce les États, nourrit leurs soldats et accompagne leurs armées dans des conquêtes plus lointaines.

 

La pomme de terre en France


Vers 1540 les premières truffes (en patois trifolas, francisées en truffoles au XVIIIe siècle) auraient été importées en Vivarais depuis Tolède par Pierre Sornas, moine franciscain ardéchois. Toutefois cette introduction reste à confirmer. 


 

En 1570, Jean Bauhin devient le médecin personnel du duc de Wurtemberg à Montbéliard. Vers 1590, il y développe la culture de la pomme de terre dans les  Grands Jardins de Montbéliard dont il a la charge.

 La pomme de terre est ensuite décrite en 1600 par l'agronome ardéchois Olivier de Serres, qui la nomme « cartoufle ». Il pense aussi qu'elle aurait été introduite de Suisse. Bien qu'il la signale, la comparant aux truffes, comme ayant quelque vertus culinaires, rien n'indique que la pomme de terre n'ait franchi l'enclos de ses jardins.


 Son classement botanique parmi les plantes vénéneuses ou réservées à un usage médicinal ne joue pas en faveur du tubercule dont la consommation reste très localisée ou contrainte par les disettes. 

 On lui a prêté notamment la faculté de transmettre la lèpre. En 1748, un arrêt du Parlement de Paris en interdit la culture dans le nord de la France.

À la fin du XVIe siècle la pomme de terre est introduite dans plusieurs régions tel que les Vosges, la Bretagne mais elle y est cultivée sporadiquement.

 Oliver de Serres


Antoine Parmentier est capturé par les Prussiens lors de la guerre de sept ans. Pendant sa captivité en Westphalie, il découvre les vertus nutritives de la pomme de terre, principale nourriture donnée alors aux prisonniers par leurs geôliers. 

En 1773, dans son "Examen chimyque des pommes de terres", il écrit : « Nos soldats ont considérablement mangé de pommes de terre dans la dernière guerre ; ils en ont même fait excès, sans avoir été incommodés ; elles ont été ma seule ressource pendant plus de quinze jours et je n’en fus ni fatigué, ni indisposé ».

À la suite des famines survenues en France en 1769 et 1770, l'Académie des sciences de Besançon lance un concours sur le thème suivant : « Indiquez les végétaux qui pourraient suppléer en cas de disette à ceux que l’on emploie communément à la nourriture des hommes et quelle en devrait être la préparation »

Le 24 août 1772, le mémoire de Parmentier remporte le premier prix. Cela entraîne une décision de la Faculté de médecine de Paris qui déclare la pomme de terre sans danger.

En 1786, Parmentier réussit alors sans difficulté à obtenir l'appui du roi Louis XVI et de plusieurs de ses conseillers pour inciter la population à consommer des pommes de terre.

 


Il semblerait que Louis XVI n’hésite pas à en porter les fleurs à la boutonnière, et aurait félicité  Parmentier en ces termes : « La France vous remerciera un jour d'avoir inventé le pain des pauvres. ».

 


Malgré le succès de Parmentier et les actions de l'État encourageant la culture de la pomme de terre, les préjugés populaires et les habitudes agricoles et culinaires, plutôt portées vers le topinambour, ne jouent pas en sa faveur.

 

 À la fin du XVIIIe siècle, 4 500 hectares sont consacrés à la culture de la pomme de terre en France. 

Les famines jouent un rôle déterminant dans son développement. En 1816 et 1817, une disette sévit.

 

Alors que toutes les denrées alimentaires de base manquent, la pomme de terre reste le seul moyen de subsistance qui restera à la population. Cela va fournir une motivation supplémentaire aux paysans pour se lancer dans la culture du tubercule qui va connaître sa première véritable expansion.

Toutefois la pénétration de la pomme de terre dans les pratiques agricoles va se faire lentement en France.


 

Pendant la guerre de 1870, la pomme de terre est d'un grand secours notamment pour les assiégés de Paris. Les gardes nationaux la mangent avec plaisir en bouillie ou en frite. Le tubercule y gagnera encore un peu de popularité.

 

Quelques années plus tard, en 1892, 1 450 000 hectares sont dédiées à la culture de la pomme de terre.

Sa culture va continuer dorénavant. 

Aujourd'hui,  elle fait partie de notre gastronomie. 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 


Alexis Millardet (1838-1902)  - Il est parmi les premiers à réaliser des hybridations entre vignes européennes et américaines, rendant à la viticulture de grands services. Grâce à ces portes-greffes, il obtint par hybridation avec des cépages américains des plants résistants au phylloxéra. Entre 1882 et 1885,  il met au point un traitement de la pomme de terre contre le dernier obstacle qui s'oppose au développement de sa culture en France : le mildiou. De nos jours, on l'utilise encore.


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