Le Puy en Velay, haut lieu de pèlerinage sur l'un des Chemins de Compostelle, est la capitale du Velay, région d'origine de nos ancêtres maternelles.
Le 10 décembre 1854, commencent de très grands travaux pour ériger une statue de la Vierge sur le rocher Corneille.
Nos ancêtres ont dû voir les travaux lors de leurs déplacements au marché du Puy en autre. Ce grand chantier a fait parti de leur vie de croyants auvergnats.
Je vais vous raconter l'histoire de la Statue de Notre Dame de France.
1ère partie : origine du projet
Le rocher Corneille s'élève à 132 mètres de haut culminant à 741 mètres d'altitude
Le rocher Corneille avant la statue
Xavier de La Croix de Ravignan
Il s'imaginait l'effet que pourrait faire une statue colossale installée sur le rocher. Ceux qui eurent l'honneur de ses confidences furent impressionnés par son projet. Maintenant, le plus dur arrive devant les difficultés de toutes natures.
Son idée sommeillait mais le destin n'avait pas dit son dernier mot.
Courant juillet 1850, l'abbé Combalot vient au Puy en Velay pour une retraite ecclésiastique.
Profitant de cette présence, Le Révérend Père de Ravignan parle de son projet à l'abbé Théodore Combalot. Ce dernier, enthousiasmé, prends ce projet en mains.
Le 26 juillet, lors de son discours pour la clôture de la retraite, il expose aussitôt le projet devant une assemblée composée des prêtres du diocèse et de nombreux fidèles rassemblés en la cathédrale Notre Dame de l'Annonciation. Son désir s'exprima avec ferveur de voir une immense statue de la Vierge, (je le cite ..) "qui serait représentée étendant la main sur la cité, et couvrant pour ainsi dire de son manteau le diocèse tout entier". Il développa le projet qu'il estima à 150 000 francs.
L’évêque du Puy, Monseigneur Auguste de Morlhon accepte ce projet avec enthousiasme. Ne voulant pas que l'idée du Révérend Père, qui a fait naître dans toutes les classes de la population un immense accueil, s'attiédisse, il s'entoure immédiatement d'une commission composée des membres du chapitre, des curées de la ville et de quelques notables laïques du Puy.
La commission agit rapidement. Malgré les difficultés qui seront très nombreuses, ils prennent la décision d'ériger une statut ; devant les frais que vont engendrer de tels travaux, ils décident de faire appel la piété des fidèles du diocèse.
Les délégués de la commission se mettent à parcourir les rues du Puy et des villages alentours sollicitant l'obole du pauvre et l'offrande du riche ... La pieuse générosité des citoyens de toutes les classes ne fit pas défaut, même si elle ne put atteindre la somme énorme prévue.
Joseph Auguste Victorin de Morlhon, Evêque du Puy de 1847 à 1862.
2ème partie : un concours est lancé - 1853
Trois années passent ...
Après diverses études préparatoires, on crée le une commission chargée de préparer et surveiller l'exécution des travaux.
Ce « comité de l’œuvre de Notre-Dame de France » lance dans le même mois un concours européen, doté de trois mille francs, destiné à choisir le modèle de la statue et une souscription, le .
Suite au décès du Révérend Père de Ravignan le 26 février 1858 à Paris, le comité de l’œuvre de Notre-Dame de France est refondé ; il comporte trois sections, une au Puy et deux autres à Paris.
Deux articles publiés, en juillet de la même année, par M. Prosper Mérimée, dans le Moniteur, firent comprendre l’importance et les difficultés de l’Œuvre.
A cette époque, l'écrivain est inspecteur général des monuments historiques. (Il initie, à partir de 1842, un classement des monuments historiques auquel rend hommage la base Mérimée créée en 1978).
La commission avait donné diverses consignes quand à la réalisation de la Vierge et de son enfant.
Extrait de la commission : " la Vierge y sera figurée dans une attitude à la fois noble, modeste et bienveillante d'une mère de Dieu montrant la ville du Puy à son divin fils, pour qu'il la bénisse".
Le concours rencontre un succès inespéré, puisque des artistes de toute l'Europe envoient leur propositions.
C'est finalement pas moins de 54 maquettes qui sont présentées et exposées au public pendant une semaine dans une salle de l'hôtel de ville du Puy. Pendant cette semaine, les ponots (nom des habitants du Puy) furent nombreux à venir jugés les différentes maquettes.Le 7 novembre, la commission présidée par Monseigneur de Morlhon se constitue en jury.
le 8 novembre, le jury vote à bulletins secrets. Arrive en seconde place, Mr Rinn de Spire en Bavière.
Le premier prix est décerné à Jean-Marie Bonnassieux, sculpteur originaire de Panissières dans la
Loire.
Jean Marie Bienaimé Bonnassieux
3ème partie - réalisation du projet
Dès lors, les travaux peuvent commencer et, le
Le se rend alors à Paris pour plaider cette cause auprès de l'Empereur Napoléon III.En plus d'obtenir de lui un don de 10 000 francs, l'évêque convainc l'Empereur, sur l'inspiration du Maréchal Pélissier, d'offrir les canons qui seront capturés si le siège de Sébastopol, alors en cours, réussit.
Napoléon III
Aimable Pélissier, duc de Malakoff, maréchal de France
Trois jours plus tard, Sébastopol tombe. Le , la paix est signée, et, vingt jours après, l'Empereur livre, conformément à sa promesse, 150 000 kg de fonte de fer provenant des canons de marine de Sébastopol.
Le siège de Sébastopol est l'épisode principal de la guerre de Crimée. Pénible et meurtrier, il dura onze mois, du au
La guerre de Crimée opposa de 1853 à 1856 l''Empire russe à une coalition formée de l'Empire ottoman, de l'Empire français, du Royaume Uni et du royaume de Sardaigne.
.
Le modèle de la Notre-Dame de France, celui qu’on devait avoir toujours
sous les yeux pour édifier le colosse, n’avait pas exigé moins de deux
années d’un travail assidu. Il mesurait 2m,598, tandis que l’esquisse
primitive n’était, selon les indicatu programme, que de 80
centimètres.
Sur ce type si exactement arrêté, on copia avec une précision mathématique la statue en terre, et, dès ce moment, on put lui donner les dimensions qu’elle devait atteindre.
Le moulage en plâtre succéda immédiatement. L’Œuvre parut alors aux yeux de l’artiste. Des retouches furent faites avec une extrême importance ; elles étaient exigées à la fois par la grandeur du colosse et par les effets inattendus de la lumière. Le maître fut secondé dans cette partie du travail par M. Experton.
Le modèle définitif en plâtre, ayant enfin reçu ses dernières corrections, fut divisé par fragments ou par tronçons qui présentaient entre eux des
dimensions fort différentes. Sciées avec art, déplacées une à une avec
des soins infinis, ces portions du colosse furent mises à la
disposition des mouleurs.
Le grand modèle en plâtre, exécuté à Givors, pesait 40 000 kilogrammes, et l’Enfant Jésus, pour sa part, 18 000 kilogrammes.
Gravure publiée en 1862 dans 'Le Magasin pittoresque'
Le plan en coupe de la Vierge du Puy - Le Magasin pittoresque' 1862
Dessin de Gagniet, gravure publiée en 1862 dans 'Le Magasin pittoresque'
Depuis plusieurs mois la commission avait choisi M. Prenat, dont les usines sont établies à Givors, dans le département du Rhône.
C’est à M. Fournier,
contremaître des usines de M. Prenat. qu’est due la construction)
En , la fonte de la statue commence à Givors dans les hauts fourneaux de la Société.
Les travaux du piédestal, qui n'avaient guère avancé depuis la pose de la première pierre, reprennent alors.
Le , les premiers éléments de la statue arrivent au Puy. Un corps de musicien et une foule immense les attendirent. Avant d'être déposées dans le jardin du Séminaire, les différentes pièces furent promenées en triomphe dans les rues du Puy. Mais il fallait maintenant les assemblés.
Tous ces tronçons métalliques, parfois d’une grande dimension, arrivèrent sans dommage des ateliers de M. Prenat à la base de la montagne.
L’honneur d’avoir a dressé la Vierge du Puy sur son piédestal gigantesque revient à MM. Solvain et Micciolo. Une grue à pivot inventée par Mr Solvain fut un progrès énorme.
Grâce aux combinaisons les plus ingénieuses et les mieux calculées, le svelte échafaudage, dont la légèreté faisait frémir a pu suffire.
Toutes les pièces, depuis la première jusqu’à la dernière, ont été enlevées sans nul effort, avec une rapidité surprenante, sans qu’il y ait eu ni accident à craindre, ni même un remaniement ou une modification quelconque à effectuer dans l’appareil primitif. Toutes les pièces ont passé successivement à travers la haute tour qui formait l’échafaudage polygonal solidement serré contre le piédestal, et s’élevant à près de 20 mètres au-dessus et sont arrivées à leur place.
La statue fut enfin débarrassée de son échafaudage. Elle mesure 22,70 m de haut et pèse 835 tonnes.
4ème partie - Inauguration
Le , la statue, enfin achevée. Elle est bénie solennellement par Monseigneur de Morlhon en présence de près de 120 000 fidèles.
A l'aube, de nombreuses processions arrivant des chefs lieux du département arrivent au Puy. A 7 heures, l'artillerie de la ville se fait entendre puis à neuf heures et demie le bourdon de la cathédrale puis les cloches de toutes les églises sonnent à grandes volées pour donner le signal de la procession générale.
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